Crash: La crainte de voyager des Comoriens d'ici

Publié le par l'anjouanais

 

C'était inévitable. »
Ibrahim, Comorien d'une quarantaine d'années, est sans appel : l'accident de l'A 310, au large du Yemen, était prévisible. Et les 150 voyageurs auraient pu avoir la vie sauve. Pour la petite communauté comorienne de Mon tpellier, rien de surprenant. « Depuis deux ans, je ne laisse plus mes enfants voyager ensemble, de peur de les perdre tous », explique Kalima, 45 ans. Car les anecdotes concernant la compagnie Yemenia ne manquent pas. Sonia, 23 ans, et Irchad, 20 ans, frères et soeurs, se rappellent d'un voyage, il y a un peu plus d'un an : « Après avoir atterri à Sanaa (au Yémen), on a changé d'avion, comme d'habitude. Et puis, sans aucune explication, on a atterri deux heures plus tard. On ne savait même pas où on était ! » Ibrahim a aussi
connu des voyages qui se sont transformés en cauchemar. « Il fallait être à l'aéroport de Marseille à 7 h. On nous annonce que l'avion ne partira qu'à 11 h, puis à midi. Finalement, on a décollé à 23 h. L'avion a atterri à Sanaa, à 6 h du matin. » L'attente, comme souvent, s'est alors éternisée dans une salle que les Comoriens appellent plus communément « la cave », endroit vétuste et non climatisé.
Selon certains, la compagnie prend l'habitude, sur le tarmac, d'utiliser des appareils interdits de vol en Europe. « Parfois, on entend la carlingue trembler et les ceintures ne fonctionnent pas », ajoute Kalina. Alors, certains, comme Ibrahim, ont décidé de prendre les devants : « J'ai décidé, après un voyage en juillet 2007, de ne plus partir avec cette compagnie. » Mais les quatre autres qui proposent le voyage sont plus onéreuses. Qu'importe pour cette petite communauté dont l'avion est « une véritable culture. Chez nous, c'est un moyen de transport usuel : pour se rendre au pays mais aussi pour voyager entre les trois îles des Comores », décrit Ibrahim. Pour le fils de Kalima, Elamine, 10 ans, l'accident est source continue de cauchemars. « J'ai peur quand mes frères et soeurs prennent l'avion. » Une peur que les Comoriens doivent surpasser, surtout en cette période de fête nationale propice aux retrouvailles et aux mariages. Sonia et Irchad partent la semaine prochaine.

Antoine GRENAPIN
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